Réglementation Travaux sur Cordes
Réglementation du travail en hauteur
zéro compromis sécurité
obligations,normes et prévention
Les travaux réalisés au moyen de cordes sont strictement encadrés en France : la sécurité repose d’abord sur une anticipation rigoureuse, une préparation de chantier documentée et la compétence avérée des équipes.
Définition – Qu’est-ce qu’un·e cordiste ?
Un cordiste est un professionnel du travail en hauteur qui met en œuvre des techniques sur cordes pour accéder, se déplacer et réaliser en sécurité des tâches variées : bâtiment, industrie, maintenance, événementiel, monuments…
Son rôle ne se limite pas à l’exécution : il/elle conçoit les accès, choisit les ancrages, applique des modes opératoires spécifiques et anticipe les secours éventuels.
Ces interventions sont strictement encadrées par la réglementation, car les travaux sur cordes ne sont autorisés qu’en dernier recours, lorsque les protections collectives ou moyens d’accès classiques sont impossibles.
Devenir cordiste suppose des compétences techniques éprouvées, acquises à travers des formations qualifiantes (CQP cordiste, spécialisations) et consolidées par l’expérience terrain.
Cadre légal : obligations et prévention
Travailler en hauteur expose à un risque majeur : la chute. Le Code du travail encadre strictement cette activité et fixe des règles claires pour protéger les salariés et responsabiliser les employeurs
Primauté des protections collectives
- Principe
La réglementation impose de privilégier les protections collectives : garde-corps, plateformes, nacelles, échafaudages. Le recours aux travaux sur cordes n’est admis qu’en dernier recours, uniquement lorsque les EPC sont impossibles à mettre en œuvre ou n’apportent pas un niveau de sécurité suffisant.
- Côté donneur d’ordre
Il doit être en mesure de justifier son choix : analyse des différentes solutions d’accès, critères retenus et résultats de l’inspection commune préalable (zones dangereuses, circulations, périmètre d’intervention).
- Côté entreprise intervenante
Elle doit produire un comparatif documenté des méthodes possibles et formaliser des modes opératoires spécifiques au chantier. Les procédures génériques ne suffisent pas : chaque site impose une approche adaptée.
- Preuves attendues
La décision doit être traçable : fiche de choix de la méthode (EPC ou cordes) intégrée au plan, photos et repères visuels permettant d’attester de la présence ou de l’absence de protections collectives.
- Erreur à éviter
Choisir les cordes par simple souci de coût ou de délai. Le Code du travail est clair : la priorité va toujours aux protections collectives, le recours aux cordes n’étant qu’une solution de dernier recours.
Anticipation & coordination
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Principe
La sécurité des travaux sur cordes repose sur une anticipation partagée. Donneur d’ordre et entreprise intervenante doivent échanger sur les risques identifiés, les moyens d’accès envisagés et les mesures de prévention. Ces éléments sont ensuite consignés dans les documents réglementaires : plan de prévention, PGC (plan général de coordination SPS) ou PPSPS (plan particulier de sécurité et de protection de la santé).
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Côté donneur d’ordre
Il doit s’assurer de la compétence de l’entreprise retenue : capacité à évaluer les risques, organiser le secours, encadrer une équipe. Dès l’appel d’offres, un haut niveau de maîtrise est exigible, avec appui possible sur des référentiels reconnus (par exemple la qualification Qualibat 1452 pour travaux d’accès difficiles).
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Côté entreprise intervenante
Elle doit fournir des modes opératoires détaillés, décrivant les tâches, les mesures de prévention et les procédures de secours/évacuation. Ces documents sont transmis au donneur d’ordre dès lors qu’ils impactent la santé ou la sécurité. Les plans et consignes doivent être régulièrement mis à jour, notamment en cas d’aléas (conditions météo, évolution du chantier).
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Preuves attendues
L’inspection commune préalable doit donner lieu à un procès-verbal cosigné. Les plans de prévention, PGC ou PPSPS, selon le contexte, constituent des preuves écrites de la bonne coordination.
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Erreur à éviter
Réutiliser des modes opératoires “type” sans adaptation au chantier. Chaque site est unique et nécessite des mesures spécifiques pour garantir la sécurité.
Compétence documentée
- Principe
Une entreprise de travaux sur cordes doit démontrer qu’elle dispose des ressources humaines et techniques nécessaires. Cela implique des équipes d’au moins deux personnes (aucune intervention isolée), des opérateurs formés aux techniques sur cordes et au sauvetage, ainsi qu’une actualisation régulière des compétences.
- Côté donneur d’ordre
Il doit exiger des preuves tangibles : justificatifs de parcours qualifiants reconnus par la note DGT, ou encore la qualification d’entreprise Qualibat 1452. La présence permanente d’un encadrant habilité, capable de diriger l’équipe et d’assurer le secours, est obligatoire.
- Côté entreprise intervenante
Elle doit présenter une matrice de compétences, incluant la désignation d’un chef d’équipe autonome (CQP Confirmé ou niveau équivalent). Un plan de maintien et d’actualisation des compétences doit être mis en place, avec une fréquence conforme aux recommandations de la note DGT.
- Preuves attendues
Registres de formation sécurité (articles R.4141-13 à 17 du Code du travail), suivi des gestes professionnels, et briefings sécurité à chaque prise de poste (“quart d’heure sécurité”). La limitation du recours à l’intérim et l’exigence de formation spécifique des intérimaires, rappelées dans la qualification 1452, font aussi partie des indicateurs de sérieux.
- Erreur à éviter
Constituer une équipe composée uniquement d’intérimaires, ou la placer sous la responsabilité d’un encadrant non formé aux procédures internes de l’entreprise.
La préparation de l’opération

Étude préalable : objectifs, périmètre, méthodes
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Périmètre de l’analyseL’analyse préalable doit couvrir l’ensemble des risques environnementaux et techniques liés au chantier : conditions géotechniques, qualité des matériaux, composition des revêtements, risques chimiques, atmosphères explosives, espaces confinés ou encore risques associés aux consignations. Par exemple, cela peut concerner l’examen des produits chimiques circulant dans un conduit industriel ou une étude météo prévisionnelle sur un site particulièrement exposé. Lorsque le donneur d’ordre ne dispose pas de toutes les compétences, il peut s’appuyer sur un maître d’œuvre, un coordonnateur SPS (chantier BTP) ou des entreprises spécialisées.
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Méthodes usuelles
Les méthodes les plus courantes reposent sur des visites de site, des relevés et prélèvements, la collecte de données techniques (plans, DIUO, historiques d’incidents) et la cartographie des zones dangereuses et des circulations lors de l’inspection commune avec l’entreprise intervenante. Le donneur d’ordre doit prévoir un délai suffisant pour que l’entreprise puisse préparer et planifier ses modes opératoires en concertation.
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Point de vigilance
Un point de vigilance majeur consiste à vérifier que le recours aux travaux sur cordes n’est qu’une solution temporaire, retenue uniquement en cas d’impossibilité de protections collectives efficaces, ou lorsque leur mise en place exposerait à un danger supérieur. Le coût ou le délai ne peuvent en aucun cas constituer, à eux seuls, un motif valable pour justifier le recours aux cordes.
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Autorisations & interférences
Le donneur d’ordre veille à obtenir les autorisations préalables nécessaires, par exemple en cas d’emprise sur le domaine public. Il doit aussi identifier et gérer les interférences avec les autres activités ou entreprises présentes sur site, afin d’éviter toute coactivité non maîtrisée.
Réglementation travaux sur cordes
Modes opératoires spécifiques
Objectif et principe
Produire, pour chaque chantier, un document spécifique qui décrit la méthode retenue, le séquencement des tâches, les mesures de prévention associées et le secours/évacuation, sur la base d’une comparaison des méthodes d’accès.
Aucun modèle “générique” n’est accepté.
Le contenu du mode opératoire
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Contexte & périmètre
Le document précise le contexte et le périmètre : l’ouvrage ou la zone concernée, la coactivité, les interférences prévues (levage, locatiers, géomètres…), les contraintes de site et les conditions dégradées anticipées (vent, pluie, chaleur, froid).
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Méthode d’accès & systèmes de cordes
Il justifie la méthode d’accès au regard du principe « EPC d’abord », puis, le cas échéant, le recours aux cordes comme option la plus sûre. Il décrit les systèmes de cordes (travail + sécurité), les ancrages, les protections d’arêtes et l’organisation pour prévenir la chute d’objets.
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Séquence d’exécution & mesures de prévention
La séquence d’exécution est détaillée en étapes, avec points d’arrêt/validation, consignations et levées, matérialisation des zones d’exclusion et des cheminements. Les mesures de prévention couvrent le balisage, le barriérage, les outils attachés et la gestion des interférences avec les autres activités.
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Secours & évacuation
Un plan de secours et d’évacuation complète le document : scénarios (suspension, malaise, coincement), techniques de reprise/évacuation, moyens dédiés, répartition des rôles et objectifs de délais.
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Organisation de l’équipe & briefings
L’organisation mentionne la composition de l’équipe par tâche, l’identification du chef d’équipe et les prérequis de compétences, ainsi que le briefing sécurité à chaque prise de poste (« quart d’heure sécurité »).
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Critères d’arrêt/reprise & mises à jour
Le mode opératoire fixe des critères d’arrêt et de reprise (seuils météo, aléas techniques, coactivité non maîtrisée) et la procédure de suspension/mise à jour en cas d’imprévu.
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Traçabilité & communication
Enfin, la traçabilité est assurée (version, date/heure, validation interne) et les informations impactant la santé/sécurité sont transmises au donneur d’ordre conformément aux obligations de communication.
Réglementation travaux sur cordes
Compétence, formation et organisation des équipes
Les EPI antichute s’utilisent uniquement en dernier recours, quand les protections collectives (échafaudages, garde-corps, PEMP…) ne peuvent pas être mises en place. Leur usage nécessite une évaluation des risques, une formation adaptée et une vérification annuelle obligatoire.
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Obligation de formation et de compétenceLes travaux sur cordes doivent être confiés uniquement à des travailleurs techniquement compétents et spécifiquement formés. L’employeur a l’obligation d’organiser une formation adaptée aux opérations envisagées (art. R.4323-89 du Code du travail) ainsi qu’aux gestes et consignes de sécurité (art. R.4141-13 à R.4141-17). Ces formations couvrent à la fois les techniques de cordes et les procédures de sauvetage.
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Mise à jour des compétencesLes acquis doivent être actualisés régulièrement “en tant que de besoins”. Une pratique recommandée consiste à prévoir une journée de mise à jour par an, cumulable sur trois ans, en complément des formations sécurité propres à l’entreprise.
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Composition de l’équipeChaque intervention doit mobiliser au minimum deux travailleurs afin d’interdire toute opération isolée. L’équipe peut être encadrée par un chef d’équipe autonome, dont les compétences doivent être attestées par un CQP niveau 2 ou un CATC.
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Encadrement et briefings
Les travaux se déroulent selon des modes opératoires établis et validés. Avant chaque prise de poste, un briefing sécurité détaillé (“Pré-job Briefing”) doit rappeler les consignes, la répartition des rôles et les procédures spécifiques au chantier.
Réglementation travaux sur cordes
Formation et compétences
La note DGT rappelle qu’un donneur d’ordre ne peut confier des travaux sur cordes qu’à des équipes compétentes, formées aux techniques d’accès et de sauvetage, capables d’appliquer des modes opératoires adaptés.
Les parcours qualifiants reconnus par France Travaux sur Cordes structurent cette montée en compétence : CQP Initial, CQP Confirmé, CQP Superviser et CQP Organiser les Travaux sur Cordes (OTC), complétés par les Maintien et Actualisation des Compétences (MAC).
Jarnias Formation dispense l’ensemble de ces formations.
Contenu et durée des formations EPI antichute
Formations spécifiques aux opérations
La réglementation impose d’ajuster les compétences aux risques propres à chaque site : habilitations électriques, interventions en atmosphères explosives (ATEX), accès aux espaces confinés, consignations mécaniques, hydrauliques ou chimiques. Ces formations ciblées complètent le parcours cordiste et assurent la conformité des modes opératoires.
Jarnias Formation propose l’ensemble de ces modules complémentaires, pour rendre vos équipes opérationnelles face aux contraintes de terrain (coactivité, procédures, EPI, secours) et pleinement conformes aux exigences réglementaires.
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Électricité (habilitations adaptées aux situations : ex. H0B0, H0V, BS/BE manœuvre, etc.)
Pourquoi ? Coactivité, voisinage d’installations, consignations/lockout. -
ATEX (risque d’atmosphères explosives)
Pourquoi ? Sites industriels, silos, dépôts, zones classées. -
Espaces confinés / risques spécifiques
Pourquoi ? Ouvrages fermés, ventilation limitée, gaz, asphyxie. -
Mécanique/industriel (consignations mécaniques, hydrauliques, pneumatiques)
Pourquoi ? Intervention sur équipements en mouvement/énergie résiduelle. -
Chimique (produits, nettoyages spéciaux, matériaux sensibles)
Pourquoi ? Contact/émission, EPI spécifiques, fiches de données de sécurité.
Réglementation – documents obligatoires
Organisation et documents obligatoires
La prévention du risque de chute ne repose pas que sur les EPI ou la formation : elle doit être formalisée par des documents réglementaires et des pièces spécifiques aux travaux sur cordes. Ces écrits assurent la traçabilité des mesures, facilitent la coordination et le contrôle.
Documents à établir ou tenir à jour
DUERP
Le DUERP constitue le socle documentaire de l’entreprise. Il inventorie et hiérarchise l’ensemble des risques, dont ceux liés aux travaux temporaires en hauteur et à l’accès par cordes. Il doit être daté, mis à jour régulièrement et communiqué aux salariés. Pour les cordistes, il mentionne les mesures de prévention de référence (priorité aux protections collectives, exigences de formation interne). Ce document de fondation alimente les dossiers de chantier.
Plan de prévention
Le plan de prévention (PDP) s’impose dès qu’une entreprise extérieure intervient sur un site occupé. L’inspection commune préalable est obligatoire. Rédigé par l’entreprise utilisatrice, le PDP précise les risques identifiés, les mesures partagées et l’organisation des secours.
Pour les travaux sur cordes, le mode opératoire spécifique (pas de générique) est intégré au PDP car il conditionne la sécurité : justification EPC → cordes, systèmes et ancrages, prévention de la chute d’objets, zones d’exclusion et circulations, gestion des interférences, et procédures de secours/évacuation.
PPSPS / PGCSPS
Sur les opérations BTP avec coordination SPS, le PGCSPS est établi par le maître d’ouvrage / coordonnateur SPS et sert de cadre commun. Chaque entreprise le décline dans son PPSPS après visite/inspection commune, puis le met à jour tout au long du chantier.
Pour les travaux sur cordes, le mode opératoire spécifique est intégré au PPSPS et recopié dans les mesures de coordination du PGCSPS quand nécessaire. On y précise : voies de circulation, coactivité et interférences (levage, nacelles, géomètres…), calendrier d’intervention, balisage et zones d’exclusion, modalités d’accès (EPC → cordes, ancrages, protections d’arêtes), ainsi que le plan de secours/évacuation. Toute évolution (météo, découverte sur site, changement de méthode, nouveaux intervenants) déclenche une mise à jour systématique du PPSPS et, le cas échéant, du PGCSPS.
Registre EPI
Le registre EPI antichute est incontournable : vérification au moins annuelle (et après événement), contrôle avant chaque usage par l’utilisateur, et traçabilité des inspections et décisions de réforme. Sont concernés : harnais, longes, absorbeurs, connecteurs, antichutes à rappel, antichutes mobiles, cordes, bloqueurs/descendeurs, casques et tout accessoire participant au système.
Pièces spécifiques aux travaux sur cordes
Justification EPC → cordes.
Avant tout, il faut expliquer pourquoi les protections collectives ne sont pas retenues. Cette justification prend la forme d’une note de choix argumentée, avec un comparatif des solutions possibles, des photos ou schémas à l’appui, et une décision datée.
Modes opératoires spécifiques (jamais génériques).
Adaptés à chaque chantier, ils décrivent la méthode retenue, le séquencement des tâches, les mesures de prévention, les zones d’exclusion et la gestion des chutes d’objets et des interférences. Ils intègrent également les dispositions de secours et d’évacuation.
Plan de secours & évacuation.
Le document décline des scénarios précis (suspension, malaise, coincement), détaille les techniques de reprise et d’évacuation, liste les moyens dédiés, répartit les rôles et fixe des délais cibles. Son efficacité est vérifiée par des exercices tracés, avec un principe non négociable : un cordiste ne travaille jamais seul et doit pouvoir être secouru à bref délai.
Visite d'inspection commune préalable.
La visite conjointe sert à délimiter le périmètre, matérialiser les zones dangereuses, préciser les voies de circulation et fixer les conditions d’accès. C’est aussi le moment d’échanger sur les travaux, les équipements et les modes opératoires, puis de consigner ces éléments dans le PDP, le PGCSPS ou le PPSPS selon le contexte.
Traçabilité des compétences.
L’entreprise doit démontrer la compétence aux techniques de cordes et au sauvetage en produisant les preuves de formation et d’actualisation. Elle s’appuie pour cela sur les parcours reconnus : CQP Initial, CQP Confirmé, Superviser, OTC, MAC et modules Secours/Évacuation.
Habilitations spécifiques selon site.
Selon le contexte, il convient de joindre les attestations nécessaires : habilitations électricité, formations ATEX, espaces confinés, consignations mécaniques/hydrauliques/pneumatiques et maîtrise du risque chimique.

Bibliothèque
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Mise à jour régulièrement par France Travaux sur Cordes